Il faut « remettre de la cohérence dans les indicateurs » d’Ecophyto
Le plan Ecophyto est mis en pause jusqu’au Salon international de l’agriculture, le temps de retravailler la question épineuse des indicateurs de suivi. Pour le ministre de l’Agriculture, il faut y « remettre de la cohérence ».
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
À la suite des manifestations agricoles de ces dernières semaines, le gouvernement a annoncé le 1er février 2024 mettre « en pause » le plan Ecophyto. La mesure a beaucoup été commentée, et nombreux sont ceux qui y voient un renoncement aux objectifs de baisse de l’usage et des risques des produits phytosanitaires.
« Est-ce qu’une pause est un retour en arrière ? Non ! » Voilà comment le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a répondu aux journalistes sur le plateau du Grand jury RTL ce dimanche 4 février 2024. « Il n’a pas été dit que nous arrêtions le plan Ecophyto, a-t-il insisté. Il a été dit qu’on le mettait sur pause jusqu’au salon de l’agriculture. »
« La pause, ce n’est pas la marche arrière »
Le discours du ministre de l’Agriculture sur le plateau de LCI dans « L’invité du dimanche » est identique. « La pause, ce n’est pas la marche arrière, ou alors je ne comprends rien à ce que sont les vitesses dans une voiture, ironise Marc Fesneau. […] La mise en pause du plan Ecophyto, ce n’est pas la réhomologation des molécules qui sont interdites en France. Il ne faut pas caricaturer les choses. »
Cette « pause » doit permettre de retravailler sur plusieurs points du plan, et en particulier sur l’indicateur de suivi. La FNSEA porte cette demande de longue date. Sur LCI, Marc Fesneau a ainsi jugé qu’il est nécessaire de « remettre de la cohérence dans les indicateurs. » L’objectif est d’y parvenir d’ici au Salon international de l’agriculture qui ouvrira ses portes le 25 février 2024.
Le Nodu, indicateur de référence
L’indicateur de référence qui a été validé par les parties prenantes pour Ecophyto I et II est le Nodu, pour « nombre de doses unités ». Il rapporte les quantités vendues à une dose unité (dose maximale de la substance active applicable par hectare). Le Nodu correspond ainsi à « un nombre de traitements “moyens” appliqués annuellement sur l’ensemble des cultures, à l’échelle nationale », explique le ministère de l’Agriculture. Le Nodu est « globalement stable depuis trois ans », avait jugé le ministère de l’Agriculture le 11 juillet 2023.
Sur LCI, Marc Fesneau justifie sa volonté de se tourner vers un autre indicateur : « Quand vous avez une molécule très toxique avec laquelle vous faites un seul passage, que vous la remplacez par une molécule qui ne pose pas de problèmes environnementaux ou de cancérogénicité, votre indicateur [le Nodu] se dégrade. Pourquoi ? Parce que vous faites deux passages ou trois passages. »
Selon plusieurs ONG, le Nodu est le « seul outil valable traduisant la dépendance de notre agriculture aux pesticides ». Générations futures dénonçait une hausse annuelle de 3,5 % du Nodu en 2022, jugeant que « le plan Ecophyto n’est donc toujours pas sur la voie de la réussite ».
Vers l’utilisation du HRI ?
Le gouvernement semble vouloir se tourner vers un indicateur européen. Pour évaluer la mise en œuvre des politiques européennes, la Commission européenne entend utiliser le HRI-1 (indicateurs de risque harmonisés-1), qui estime le risque associé aux phytos vendus, par un système de pondération : un coefficient plus important est attribué aux produits les plus à risque.
Pour Phyteis, cet indicateur est « plus pertinent que le Nodu » (nombre de doses unités). Pour Générations futures, il « fournit des évaluations absurdement incorrectes ». Les derniers chiffres rendus publics de HRI-1 suggèrent, selon la Commission européenne, des « progrès continus dans la réduction des risques » liés aux phytos, avec une baisse de 38 % entre la moyenne de 2011-2013 et 2021.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :